Mireille MORGAN-SMITH
Astrologue humaniste
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  • Article de blog

Être passionné ne suffit pas

Devenir astrologue est une vocation que l’on peut se découvrir sur le tard, longtemps après le temps des études universitaires. Car cela suppose de s’être posé beaucoup de questions sur la vie, sur le sens profond des événements, questions qu’avant 30 ans on aborde peu. Ces problématiques viennent avec l’expérience plus ou moins heureuse de la vie.
   
Beaucoup d’astrologues se forment en autodidacte. Ce sont en général des passionnés. Mais cela ne s’avère pas suffisant pour pouvoir apporter une réelle lumière sur un thème astral et vous faire avancer sur votre compréhension de vous-même. Comment savoir si un astrologue maîtrise la technique astrologique ?
   
L’astrologie était enseignée à l’université jusqu’à l’époque de Louis XIV, lorsque son Premier ministre Colbert a décidé qu’elle n’y avait plus sa place. L’astrologie était pourtant reconnue comme une connaissance prestigieuse. Peut-être Colbert a-t-il considéré que l’université devait résolument se tourner vers la modernité et développer des savoirs réalistes débouchant sur la technologie, les sciences physiques, les mathématiques etc ? Le problème est que l’astrologie, n’ayant plus à répondre à l’exigence d’une institution officielle, est définitivement tombée dans le domaine populaire et dévoyé des horoscopes commerciaux 

Ne confondez pas l’astrologie de bazar avec l’astrologie savante !

Oui, sachez que la vraie astrologie savante n’a rien à voir avec l’astrologie populaire et autres bavardages d’horoscopes. Cette bouillabaisse astrale décrédibilise la vraie astrologie, ancienne et sophistiquée, que l’on apprend patiemment, avec rigueur, en la travaillant de longues heures, penchés sur nos manuels et nos cartes du ciel.
   
Comme l’écrivait le grand poète André Breton : « C’est (l’astrologie) à mon égard une très grande dame, fort belle et venue de si loin qu’elle ne peut manquer de me tenir sous le charme. Dans le monde purement physique, je n’en vois pas dont les atours puissent rivaliser avec les siens. Elle me paraît, en outre, détenir un des plus hauts secrets du monde. Dommage qu’aujourd’hui – au moins pour le vulgaire – trône à sa place une prostituée. » (1954, revue Astrologie moderne)
   
Malheureusement, cette astrologie de bazar a toujours côtoyé la vraie astrologie savante, et le public a fini par les confondre. De plus beaucoup de vrais astrologues se sont prêtés à ce jeu des horoscopes malgré eux, pour gagner leur vie (vivre de ce métier n’est pas facile). Mais un astrologue digne de ce nom devrait se garder de ce genre d’ânerie car c’est littéralement vendre son âme au diable. Malheureusement, les astrologues les plus connus sont justement ceux qui s’adonnent à cette astrologie de pacotille où l’on mélange dans un charabia invraisemblable la vie amoureuse des astres avec celle des humains, à grands renforts de Neptune par-ci, de Jupiter par-là, avec l’aide de Mercure, de Saturne et des autres Planètes ! 

«Cette année nos bourses crieront famine. »

Cette soit-disant astrologie « vulgaire », pour le peuple, a toujours existé. En 1532, au début de la Renaissance, voici comment Rabelais se moquait de la figure de l’astrologue rédacteur d’almanach. Il lui fait écrire : « Cette année il y aura tant d’éclipses du soleil et de la lune que, j’en ai bien peur (et non à tort), nos bourses en crieront famine, et que nos sens en souffriront perturbation. Saturne sera rétrograde, Vénus directe, Mercure inconstant. Et un tas d’autres planètes ne marcheront pas à votre commandement. »

Tout cela n’est que généralités vides de sens, ce que sont habituellement les horoscopes  des magazines modernes. Bien sûr, chaque année, pours les gens ordinaires l’argent manque : nos bourses crieront toujours famine !

Rabelais ajoute avec loufoquerie : « En conséquence, pour cette année, les crabes marcheront de travers, et les cordiers travaillerons à reculons, les escabelles monteront sur les bancs, les broches sur les landiers, et les bonnets sur les chapeaux ; les couilles pendront à plusieurs par manque de gibecières ; les puces, pour la plus grande part, seront noires ; en Carême, le lard fuira les pois ; le ventre ira par-devant ; le cul sera le premier à s’asseoir ; l’on ne pourra trouver la fève dans la galette des rois ; l’on ne rencontrera point d’as au brelan ; les dés ne donneront pas les points à volonté, même si on les flatte, et la chance qu’on demande ne viendra pas souvent... »

Cette astrologie au ras des pâquerettes mettait un tel brouillard dans les esprits que, périodiquement, l’Église interdisait aux ecclésiastiques de la pratiquer, effaçant le plus possible de son iconographie toute accointance avec ces charlatans et autres mages diseurs de bonne aventure. Évidemment, comment prendre au sérieux les Signes du Zodiaque présentés de cette manière !

Dommage, car c’était jeter le bébé avec l’eau du bain.

Il reste sur les parois des églises la trace de l’origine ésotérique commune de ces savoirs anciens, preuve que les Pères de l’Église possédaient une réelle connaissance de la science des astres.
Avez-vous remarqué ces quatre symboles peints ou gravés dans les bâtiments religieux : le taureau, le lion, l’aigle et l’ange ? Ces quatre images, appelées aussi le Tétramorphe, symbolisent les quatre évangélistes officiels : saint Luc, saint Marc, saint Jean et saint Matthieu. En réalité ce sont aussi les quatre Signes du Zodiaque, un de chaque Élément (Terre, Feu, Eau et Air) correspondant au mois central de chaque saison, autrement dit les quatre Signes fixes : le Taureau, le Lion, le Scorpion et le Verseau. Ces énergies stables se présentaient comme les plus à même pour construire la doctrine d’une religion durable, bien assise dans l’Incarnation : ils symbolisaient les quatre Évangiles qui ont installé le christianisme pour deux mille ans d’histoire (en réalité, nous savons aujourd’hui qu’il existait de nombreux autres évangiles, apocryphes).

Attention, je ne dis pas que la religion chrétienne s’est construite sur l’astrologie, ni que l’astrologie est forcément une pratique chrétienne. On peut pratiquer l’astrologie sans faire référence à aucune religion, et pratiquer une religion sans s’intéresser à l’astrologie.
Mais il semble que les savants et les docteurs de l’Église avaient tous une connaissance approfondie des deux. C’est pourquoi je trouve intéressant d’observer encore comment ces savoirs se sont nourris les uns des autres, comment ils donnent du sens les uns aux autres.

Ainsi, contrairement à ce que m’affirmait un prêtre qui désirait ardemment prendre des cours d’astrologie en cachette de sa hiérarchie ecclésiastique, de grands noms du clergé pratiquaient ouvertement la science des astres. Même si les Planètes transpersonnelles Uranus, Neptune et Pluton n’ont été connues que dans les trois derniers siècles de l'Histoire, ils possédaient déjà la science des Initiés.

Un astrologue célèbre du Moyen Age, Pierre d’Ailly

L’un d’eux, et pas des moindres, s’appelait le cardinal Pierre d’Ailly (1351-1420), religieux influent de son temps et auteur universitaire prolifique. A son époque, il a exercé une grande influence en philosophie, théologie, cosmographie et astrologie. Il est spécialement resté célèbre dans les annales de l’astrologie pour avoir prédit des bouleversements politiques et religieux pour l’année 1789, près de quatre siècles à l’avance et avec une précision inouïe ! Le cardinal vivait à une époque troublée pour la Chrétienté avant 1410. Le Grand Schisme d’Occident semblait annoncer la fin des temps, l’Antéchrist. Finalement, sa synthèse des prophéties bibliques et de leur datation par l’astrologie le conduisit à la repousser de près de quatre siècles. Si ce n’était pas pour aujourd’hui, il en découlait que le schisme pouvait être résolu ! Ce à quoi Pierre d’Ailly s’attela avec énergie et autorité, et dont il sera l'un des principaux artisan puisqu’il évoluait au plus près du roi et de la Cour (cf. les travaux de Denis Labouré).
   
Christophe Colomb lui-même s’est référé aux travaux du cardinal pour préparer son voyage sur l’océan vers ce qu’il pensait être les Indes. Dans la version longue du film 1492 de Ridley Scott, il se trouve une scène où on le voit argumenter auprès de la reine d'Espagne Isabelle la Catholique pour la convaincre de l’aider à financer son expédition. Bien sûr, depuis aussi loin que les Vikings, les astres ont toujours représenté le secours des navigateurs. 

Quels présupposés sous-tendent l’enseignement de votre astrologue préféré ?

C’est important de choisir un astrologue qui a suffisamment travaillé sur lui-même pour être conscient de ce qui se trouve en filigrane dans sa manière d’organiser ses cours d’astrologie et de mener ses interprétations. 
Car s’il n’est pas assez conscient de lui-même, il risque de projeter sur ses consultants ses propres peurs et cauchemars sans s’en rendre compte, et de provoquer des dégâts chez ses consultants. Ainsi l’exemple est connu de cette astrologue parisienne qui, obnubilée par ses propres échecs sentimentaux, voyait presque systématiquement dans le thème de ses consultants qu’ils allaient divorcer ! Vous êtes maître de votre vie amoureuse, ce n’est pas à l’astrologue de vous influencer sur le choix de votre partenaire ou le cours de votre vie amoureuse. 
Dans toute pratique psychologique et astrologique, il est essentiel pour le thérapeute de se prêter régulièrement à une supervision, histoire de se remettre les points sur les i. J’ai moi-même plusieurs épisodes de psychanalyse à mon actif.
 
Dans les cours d’astrologie que je donne, j’aime l’idée que mes étudiants deviennent à terme autonomes dans la lecture de leur thème astral, qu’ils n’aient plus ce fil à la patte que représente le recours régulier à un astrologue. 

Très souvent l’astrologie est confondue avec de la voyance.

Quand je me penche sur un thème astral, je me garde bien de dire que je « vois » des choses, car c’est tout à fait inexact. On ne fait que « lire » un thème astral, en s’appuyant sur des connaissances acquises dans les livres et par l’expérience. L’astrologie ne constitue pas un don de naissance comme celui que possèdent les voyantes. Les astrologues stricto sensu ne sont pas des voyants, même s’ils possèdent une certaine intuition psychologique.
 
Il est vrai que ces deux pratiques, voyance et astrologie, sont cousines. Beaucoup de voyants possèdent quelques lumières d’astrologie et l’incluent dans leurs consultations. Les Tarots y font référence. Mais ce ne sont que quelques miettes. Tout le monde (ou presque) sait associer les Signes astrologiques aux saisons. C’est d’ailleurs utile pour se rappeler les anniversaires : le natif du Capricorne est né en plein hiver, le Scorpion au cœur de l’automne, avant le Sagittaire, quant au Bélier, il est du début du printemps… Mais là s’arrête leur connaissance des Signes du Zodiaque. Peu de personnes savent que leur Signe lunaire n’est en général pas le même que leur Signe solaire. 

Nostradamus était-il astrologue ?

Hé bien non ! Il était voyant, extra-lucide. La nuit, assis sur son tabouret et penché sur un bol d’eau, il voyait se former des images qui lui annonçaient l’avenir. Il possédait une exceptionnelle intuition. Mais son vrai métier était médecin, formé à l’université de Montpellier. Il s’exprimait en trois langues, le latin, le dialecte provençal et le français de l’époque, qu’il mélangeait dans ses quatrains pour mieux les crypter, les rendre incompréhensibles aux profanes de son époque très troublée par les guerres de religion. Il y mentionnait quelques Planètes - Mercure, Saturne ou Jupiter… - et quelques constellations du Zodiaque – la Vierge, le Gémeaux, le Capricorne... Même possédant la science des astres, il devait se montrer très prudent. Même son amitié avec la reine Catherine de Médicis férue d’astrologie ne lui garantissait pas de garder sa tête ! 
C’est en tant que médecin que Nostradamus connaissait aussi l’astrologie, en homme érudit qui se devait de ne pas ignorer ce que ses doctes collègues connaissaient aussi. 
Donc Nostradamus, Michel de Notre-Dame de son vrai nom, n’était pas l’exemple typique d’un astrologue. 

Aujourd’hui, comment devient-on un bon astrologue ?

En prenant des cours d’astrologie, en se formant par un cursus complet, de quatre à sept années au moins, avec plusieurs professeurs. Pour ma part, je propose une formation d’astrologie structurée en 4 années, à distance et en présence. Je donne aussi des cours d’astrologie particuliers, au rythme qui convient à l’étudiant.
 
Et une fois installé, ayant pignon sur rue, en continuant à se former par des stages, en participant à des colloques, en publiant des articles, en rencontrant des collègues pour comparer et échanger sur nos recherches. La pratique astrologique est tellement vaste : astrologie mondiale, astrologie médicale (utile en naturopathie et en psychosomatique), astrologie météorologique, astrologie horaire, astrologie karmique...
 
André Barbault est un grand nom de l’astrologie française. C’est lui qui a ouvert la première agence d’astrologie sur les Champs Élysées à Paris au début des années 1970, avec un des premiers calculateurs IBM de thème astral, énorme machine qui crachait des centaines de cartes du ciel. Chacun pouvait s’y faire calculer son thème astral, et connaître le Signe astrologique de son Soleil et de son Ascendant. Même le président Pompidou y avait envoyé ses motards pour y connaître son Signe astrologique. André Barbault a popularisé l’importance de l’Ascendant, qui complète le Signe solaire. 

André Barbault organisait des rencontres astrologiques où il invitait des écrivains célèbres, des ecclésiastiques, de nombreux acteurs culturels et savants, tous réunis par leur intérêt pour l’astrologie. On y discourait des Planètes et du Zodiaque sous tous les angles, de la vie amoureuse du Taureau par rapport à celle du Scorpion, du sens de la politique du Lion par rapport au Capricorne, d’astrologie lunaire, dans la ferveur des prémisses de notre entrée dans l’ère du Verseau. 

Une communauté astrologique

Ouvrir l’horizon du savoir me paraît essentiel. Trop d’astrologues pratiquent en solitaire dans la poussière de leurs livres, dans le secret de leur bureau. Or, pour vivre, une connaissance a besoin de grand air, de s’ouvrir à l’extérieur !

Ainsi Dane Rudhyar s’instruisait constamment des publications scientifiques et de l’actualité du monde, de l’astrophysique à la sociologie en passant pas les dernières découvertes psychologiques ou technologiques. Et pour réfléchir et calmer ses idées, il jardinait au milieu de ses rosiers. Il n’y a rien de meilleur pour se rebrancher au monde du vivant que de cultiver son jardin secret.

C’est ce que j’adore : j’habite une petite maison entourée d’un petit jardin dans un joli village du Centre de la France. J’ai besoin de mon ermitage paisible sur la colline, à la fois à l’écart du monde et de ses tourments, et en même temps attentive à ce que s’y passe par la fenêtre de mon ordinateur ou le canal de la radio. Je reste en contact avec la communauté astrologique mondiale en étant membre actif de la Fédération des Astrologues Francophones (FDAF) dont le siège est à Paris, et dont l’admirable président, le très actif Marc Brun, organise de nombreux colloques et conférences .

Et surtout, j’ai souscrit au Code de déontologie de la FDAF qui pose les principes essentiels d’une pratique astrologique de qualité (il figure sur mon site).

On réfléchit dans le calme...

Dans ce monde frénétique, il est trop facile de se noyer dans le flux continu d’informations de toute sorte. Un astrologue a besoin de solitude pour penser, calculer les positions des Planètes, et écouter son intuition. 

Combien devrait coûter une consultation ? Que contient-elle ?

A la grande différence du médecin, l’astrologue n’est pas remboursé par la Sécu, et les formations ne sont pas finançables par le CPF. Alors oui, la question du tarif se pose.
 
Avant de vous engager pour une consultation, demandez à votre astrologue en quoi consiste la consultation, quelle prestation comporte-t-elle ? Car, pour le même prix, c’est extrêmement varié d’un praticien à l’autre.
 
Pour ma part, une consultation représente environ 5 heures de travail : 2 heures de préparation, 2 à 3 heures de restitution. Cela veut dire que je fais maximum deux consultations par jour. Car cela exige une extrême concentration et c’est épuisant. Après avoir minutieusement étudié le thème natal, je vais calculer les progressions et les transits, et opérer une synthèse du tout. 
Car le rôle véritable de l’astrologue est de dire l’heure : votre thème natal ne figure que le cadran de votre horloge. C’est une photo du ciel de votre naissance, figée comme toute photo. Elle ne nous dit rien de l’actualité. Pour dire l’heure, il faut poser les « progressions » qui figurent l’aiguille des heures (mais il y a pour cela plus d’une quinzaine d’indicateurs, c’est donc complexe), et enfin les « transits » pour les minutes. On peut aussi calculer la révolution solaire, mais ce n’est que l’aiguille des secondes, bien anecdotique ! Et même la révolution lunaire pour les dixièmes de secondes.
 
La consultation est intégralement enregistrée sous forme vocale, pour que mon consultant en garde une trace fidèle. L’expérience montre que la prise de notes est difficile, étant donné que l'interprétation se déroule moins logiquement que sous une forme analogique, comme en psychanalyse. A cela s’ajoutent mes notes de préparation, écrites à la main, 3 à 4 pages, plus la carte astrale annotée avec le calcul des progressions et des transits. Je réalise donc des consultations très approfondies où je donne une énorme quantité d’informations (je parle vite !). Car il y a tant de matière dans une thème astral : de quoi écrire un livre ! 

En conclusion

Il est légitime de demander des références à votre astrologue. Quelle est sa formation, combien de temps cela a-t-il duré ? Quelles sont ses tendances ? 
Ne vous fiez pas aux informations qui circulent sur les réseaux sociaux qui sont très vraisemblablement erronées ou surfaites (et encore moins à Wikipedia !). Vous savez bien que l’Intelligence artificielle (IA) est capable de tout ! 
Par-dessus tout, fiez-vous à votre bon sens autant qu’à votre propre intuition... 

© Mireille MORGAN-SMITH